Pour gérer vos consentements :

iPaaS : Oracle et Salesforce ne sont plus des leaders

Publié par Clément Bohic le - mis à jour à

Dans le dernier Magic Quadrant de l'iPaaS, Gartner rétrograde Oracle et Salesforce au rang de "challengers".

"Leaders" il y a un an... et désormais "challengers". Ainsi en est-il de Salesforce et d'Oracle dans le Magic Quadrant de l'iPaaS.

Ce recul reflète essentiellement une innovation au ralenti en 2024.

Du côté d'Oracle, on a priorisé la stratégie automatisation et les améliorations de productivité chez la clientèle existante. Il en a résulté moins de nouveautés que chez les principaux concurrents, notamment dans le domaine de l'IA et des nouveaux use cases d'intégration.

Salesforce n'a pas non plus été au niveau de la concurrence sur le volet innovation, même s'il a intégré de quoi accompagner l'émergence d'Agentforce.

Entre autres points défavorables pour Oracle, il y a la persistance d'un grand nombre d'offres au sein du portefeuille iPaaS : encore plus d'une dizaine, ce qui en complique l'adoption. Gartner note aussi la tendance du groupe américain à cibler principalement les utilisateurs de ses applications métiers.

Salesforce a fait de MuleSoft son "coeur iPaaS", mais il tend à diffuser de plus en plus de services d'intégration sous sa propre marque. Une réalité susceptible de générer de la confusion chez les acheteurs, juge Gartner. Qui souligne aussi la tendance à positionner MuleSoft comme un moyen de connecter Salesforce à des systèmes tiers plutôt que comme un iPaaS "agnostique".

De l'intégration à l'exploitation, l'IA est désormais considérée comme une commodité

Les autres "leaders" de l'an dernier le restent. Nommément, Boomi, Informatica, Microsoft, SAP et Workato.

Un fournisseur fait son entrée : Zapier (chez les "acteurs de niche"). Déjà classé par le passé, il avait été exclu l'an dernier faute de satisfaire un critère technique : fournir une connectivité sécurisée aux applications et données sur site sans nécessiter l'ouverture de flux entrants sur le firewall.

Ne proposant plus de data plane managé, TIBCO Software ne répond plus aux exigences pour figurer au Magic Quadrant. Software AG non plus, depuis qu'il a vendu webMethods à IBM.

Sur le volet fonctionnel, les éléments à respecter ont peu évolué d'une année sur l'autre. On aura néanmoins noté que l'IA est considérée comme une fonctionnalité "commune", que ce soit pour la création d'intégrations, la génération de documentation ou l'exploitation des solutions iPaaS. L'IDP (Intelligent Document Processing) est mise au même rang, comme le minage de tâches et de processus.

Sur le volet business, il fallait soit avoir réalisé 60 M$ de revenus iPaaS sur l'exercice fiscal 2023, soit être en mesure de revendiquer au moins 3000 clients uniques. Digibee, Scheer PAS, SEEBURGER et WSO2 n'ont pas validé ce critère. Gartner les crédite toutefois d'une "mention honorable"... comme l'an dernier. Il en fait autant avec Infor, ServiceNow et Workday. Tout trois non classés, leurs solutions iPaaS respectives n'étant pas autonomes.

Le classement des fournisseurs d'iPaaS

L'axe "exécution" du Magic Quadrant traduit la capacité à répondre effectivement à la demande (expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services...). Les fournisseurs s'y positionnent comme suit :

RangFournisseurÉvolution annuelle
1SAP+ 3
2Boomi- 1
3Workato- 1
4Salesforce+ 1
5Oracle- 2
6Informatica=
7Microsoft=
8AWS=
9IBM+ 1
10Huawei Cloud+ 2
11Celigo=
12SnapLogic+ 1
13Tray.ai+ 1
14Zapiernouvel entrant
15Jitterbit=
16Frends+ 1

Sur l'axe "vision" (reflet des stratégies sectorielles, géographiques, commerciales, marketing, produit, etc.), la situation est la suivante :

RangFournisseurÉvolution annuelle
1Workato=
2Boomi=
3SnapLogic=
4Informatica+ 2
5Microsoft+ 7
6SAP- 2
7Celigo+ 4
8Jitterbit- 1
9Tray.ai- 1
10Huawei Cloud+ 3
11Salesforce- 2
12Oracle- 7
13IBM+ 1
14Frends+ 2
15Zapiernouvel entrant
16AWS+ 1

IDP, RPA... Des capacités encore "basiques" chez Boomi

En 2024, Boomi avait été salué sur sa stratégie produit - notamment pour ses investissements IA, ses SLA et ses options de sécurité. Ainsi que sur la qualité de l'expérience client - en particulier sur la formation.
Cette année, Gartner insiste sur la transversalité de l'offre de Boomi, autant en matière de profils d'utilisateurs que de cas d'usage. Il relève aussi l'efficacité des mécanismes de feedback et les livraisons régulières d'innovations (gestion des API, collaboration, streaming...). Ainsi que l'écosystème de partenaires et l'efficacité du marketing.

Comme l'an dernier, Boomi a droit à un mauvais point sur l''hébergement de ses services, dont la disponibilité régionale varie. Certains plans de contrôle ne sont par exemple déployés qu'aux USA.
Par ailleurs, les capacités de gestion de transfert de fichiers, d'IDP et de RPA restent basiques. Quant à l'intégration des briques de gestion d'API acquises en 2024 auprès d'APIIDA et de Cloud Software Group, elles n'étaient pas encore bien intégrées au moment où Gartner a effectué son évaluation.

En théorie comme en pratique, Informatica rime encore avec data

En 2024, Gartner avait crédité Informatica de bons points pour la profondeur de son offre, la flexibilité de déploiement, le réseau de partenaires, les engagements RTO/RPO et la stratégie sectorielle.
Cette année, il salue un autre type de flexibilité : celle de la tarification, à l'usage. La remarque sur le réseau de partenaires demeure, comme celle sur la stratégie sectorielle. S'y ajoute la capacité de réponse au marché : Informatica a livré "plus de 500" demandes de fonctionnalités en 2024, en particulier des intégrations packagées et de la gestion d'API.

Pointée l'an dernier, la complexité de la plate-forme Informatica reste d'actualité. Plus généralement, son exhaustivité ne la prête pas forcément aux cas d'usage "tactiques". Elle tend d'ailleurs à être perçue comme destinée aux use cases avancés axés data. Ces derniers sont précisément un point focal de la stratégie marketing d'Informatica, malgré des améliorations sur l'intégration d'applications et l'automatisation de processus.

Chez Microsoft, une gamme iPaaS qui manque de cohésion

En 2024, Microsoft s'était principalement distingué par sa présence globale (ventes, support, hébergement), ses nombreuses options de déploiement et sa tarification flexible.
L'argument "présence globale" vaut toujours cette année. S'y ajoute le modèle économique dans son ensemble, entre intégration forte avec Azure AI, focus sur la migration depuis les outils legacy (comme BizTalk) et capacités de connexion entre environnements cloud et on-prem. Gartner souligne également les avancées sur l'automatisation agentique et l'amélioration de l'expérience développeur.

Comme l'an dernier, Microsoft est en retard sur les autres "leaders" dans son approche sectorielle. Nouveau point de vigilance cette année : le manque de cohésion entre les outils qui composent le portefeuille iPaaS, que ce soit sur le plan fonctionnel ou tarifaire. Sur ce dernier point, des clients témoignent de la difficulté à prévoir les coûts.

Les coûts peuvent vite monter chez SAP

Comme chez Microsoft, le niveau global de présence avait valu à SAP un bon point en 2024. Gartner avait aussi salué l'approche sectorielle de l'éditeur allemand et le niveau de satisfaction client (notamment sur la conception d'intégrations et sur le monitoring).
La stratégie verticale reste un point fort, matérialisé par l'éventail d'intégrations packagées groupées par produits et processus métiers. La présence géographique aussi, tant sur la partie hébergement que sur le réseau de partenaires. Gartner y ajoute le développement, à renfort d'IA, d'une approche "composable" et orientée événements.

D'une année sur l'autre, la tarification reste un point noir. En 2024, c'était surtout pour l'inadéquation des prix aux différents segments de marché et tailles d'organisations. Cette fois, Gartner pointe la difficulté à estimer les coûts... qui peuvent rapidement monter en cas de dépassement des quotas.
À l'image de Salesforce et d'Oracle, SAP a ralenti sur l'innovation. La conséquence d'un focus sur la modernisation des intégrations existantes. Dans ce contexte, la plupart des "leaders" du marché proposent déjà ce qui se trouve sur sa roadmap.

L'iPaas... et au-delà : point d'interrogation sur la trajectoire de Workato

L'intuitivité de l'UX, la sécurité et la stratégie marketing avaient valu de bons points à Workato en 2024. L'exhaustivité de sa plate-forme aussi... et cela ne change pas en 2025. Gartner mentionne, en l'occurrence, les avancées sur les passerelles B2B, le MDM, la RPA et l'agentique. Il y ajoute la "satisfaction client constante", tant sur la facilité d'usage que le support. Workato a, en outre, la particularité d'avoir rapidement intégré de l'IA dans son offre.

Même constat que l'an dernier sur deux éléments. D'une part, le pricing : facile à comprendre et à prédire, mais les coûts peuvent vite monter (même si Workato a introduit des abonnements plafonnés). D'autre part, l'expansion sur le volet infra : elle ne suit pas le rythme des autres "leaders" (disponibilité dans 5 régions AWS). Attention aussi à l'extension rapide des solutions Workato au-delà de l'iPaaS : en fonction des cas d'usage, il n'est pas nécessairement facile d'interpréter cette trajectoire et son impact.

Illustration © ArtemisDiana - Adobe Stock

La rédaction vous recommande

  • Salesforce acquiert Informatica pour 8 milliards $
  • Salesforce et Informatica, un mariage prometteur mais pas sans défis
  • iPaaS : la confusion règne ?