Pourquoi OpenAI mise 6,5 milliards $ sur io Products, la start-up de Jony Ive ?
L'acquisition d'io Products par OpenAI pour 6,5 milliards $ est un marqueur fort dans sa stratégie. Cette opération, la plus importante de son histoire, l'oriente vers le hardware sans que l'on connaisse encore la nature des produits qu'elle compte développer.

Acheter 6,5 milliards $ une startup qui n'a jamais lancé le moindre produit mais dont la tête d'affiche s'appelle Jony Ive, célèbre designer de l'iPhone et de quelques blockbusters d'Apple. C'est, en quelques mots, le résumé de la nouvelle opération d'OpenAI.
Ce montant faramineux, entièrement payé en actions OpenAI, s'appuie sur la valorisation record de 300 milliards $ à l'aune de la levée de fonds, toujours en cours, de 40 milliards $ menée par Softbank. Au bas mot, la transaction représente plus de 2 % de la valeur totale d'OpenAI, un investissement considérable qui témoigne de l'importance stratégique accordée au hardware dans l'écosystème de l'IA générative.
OpenAI détenait déjà 23% d'io Products (ne cherchez pas de site de la société, il n'existe pas) depuis son lancement fin 2024. Selon l'analyste Gil Luria de D.A. Davidson, « OpenAI souhaite posséder la prochaine plateforme hardware pour ne plus avoir à vendre ses produits via Apple iOS ou Android de Google ». Une stratégie qui rappelle celle de Meta avec ses lunettes Ray-Ban et ses casques Quest ou encore celle de Google avec ses smartphones Pixel.
« L'équipe de io, axée sur le développement de produits qui inspirent, autonomisent et permettent, va maintenant fusionner avec OpenAI pour travailler plus étroitement avec les équipes de recherche, d'ingénierie et de produits à San Francisco » indique l'inventeur de ChatGPT.
L'expertise comme avantage concurrentiel décisif
Le recrutement de Jony Ive et de son équipe d'anciens cadres d'Apple (Evans Hankey, Tang Tan, Scott Cannon) représente un transfert de compétences inestimable. Ces designers ont participé à la création des produits Apple les plus rentables comme l'iPhone, iPad, MacBook et Apple Watch ont généré des centaines de milliards de dollars de revenus.
L'équipe d'io Products apporte 55 ingénieurs spécialisés en hardware, développement logiciel et en expertise manufacturière. Un raccourci précieux pour le recrutement dans un secteur où l'expertise en design et en industrialisation reste rare et coûteuse. Pour autant, Jony Ive ne se consacrera pas à plein temps à OpenAI. Il conserve la direction de LoveFrom, le studio de design fondé en 2019 après son départ d'Apple. « Cependant, Jony et LoveFrom assumeront des responsabilités profondes en matière de conception et de création au sein d'OpenAI et d'io. » indique la communication officielle.
L'histoire de ce rapprochement aurait commencé il y a deux ans. « Jony Ive et le collectif créatif LoveFrom ont discrètement commencé à collaborer avec Sam Altman et l'équipe d'OpenAI[...]. Des idées et des explorations ont donné naissance à des projets concrets. » selon le communiqué.
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Les leçons des échecs précédents
Mais en dépit des personnalités impliquées et des montants de cash prêts à être investis, le défi à relever est colossal. Le marché des dispositifs IA dédiés a connu des échecs retentissants. Humane AI, malgré ses fondateurs issus eux aussi d'Apple, a vu son AI Pin critiqué pour ses problèmes d'autonomie, de surchauffe et de fonctionnalités limitées. HP a finalement racheté les actifs de Humane pour seulement 116 millions $, illustrant la destruction de valeur rapide en cas d'échec produit.
Rabbit, avec plus de 100 000 unités vendues de son device r1, démontre l'existence d'un marché, mais les critiques sur ses fonctionnalités limitées comparées aux smartphones révèlent la difficulté à justifier économiquement un dispositif dédié.
Perspectives économiques et temporalité
Les premiers produits d'OpenAI-io sont attendus pour 2026, laissant le temps nécessaire au développement et à l'industrialisation. « Je suis ravi d'essayer de créer une nouvelle génération d'ordinateurs alimentés par l'IA. » a indiqué Sam Altam.
L'enjeu économique dépasse la simple création de nouveaux produits : il s'agit de définir les standards d'interaction avec l'IA générative pour la prochaine décennie. Et comme le souligne Sam Altman, « Nous sommes encore dans la phase terminale des interactions IA ».
Photo : © OpenAI
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