Atos lance "Genesis", son plan stratégique pour sortir de la crise
L'ESN française présente "Genesis", une nouvelle feuille de route sur quatre ans visant à restaurer sa rentabilité et simplifier sa structure.

Atos, l'ex fleuron des ESN françaises, veut entamer une nouvelle ère avec son plan "Genesis". Présenté ce mercredi à Paris, ce programme stratégique sur quatre ans prévoit de tourner la page d'une lourde restructuration lourde en redéfinissant ses ambitions économiques à l'horizon 2028. Au programme : retrouver la croissance, doubler la rentabilité, et capitaliser sur l'essor de l'intelligence artificielle.
Avec une dette culminant à 4,8 milliards €, des acquisitions hasardeuses et un projet de scission manqué, Atos avait perdu sa place parmi les leaders européens des entreprises de services IT avec une capitalisation est tombée à 747 millions € contre plus de 10 milliards à son apogée. La restructuration de 2024, entérinée par un accord avec ses créanciers, a permis de stabiliser la structure financière. « Atos se trouve à un point d'inflexion déterminant », affirme Philippe Salle, PDG du groupe depuis février - le septième depuis 2021.
Le plan "Genesis" prévoit 8,5 milliards € de chiffre d'affaires en 2025, en recul de 11 % par rapport à 2024. En cause : la révision volontaire de contrats jugés non rentables et une dynamique commerciale freinée par l'instabilité passée. D'ici 2028, Atos vise un retour à 9 à 10 milliards € de chiffre d'affaires, couplé à une marge opérationnelle de 10 %, contre seulement 4 % attendus cette année. « Les flux de trésorerie cumulés sur la période seront prioritairement alloués au désendettement, en complément d'une politique ciblée et rigoureuse de croissance externe stratégique. Aucun versement de dividende ni de programme de rachat d'actions n'est prévu avant 2028.» précise l'ESN.
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Le redressement financier passera aussi par une simplification de la structure de l'entreprise et le recentrage géographique. Atos va désormais concentrer son développement sur six régions clés : France, Allemagne-Autriche-Europe de l'Est, Benelux-Nordiques, Royaume-Uni-Irlande, Amérique du Nord ainsi que quelques " marchés internationaux ciblés" . Les autres implantations jugées non stratégiques seront progressivement abandonnées. Enfin, les coûts généraux seront limités à 5 % du chiffre d'affaires. Cela impliquera des suppressions de postes dont le nombre n'a pas encore été précisé.
Une nouvelle organisation métier et le pari de l'IA
Sur le plan opérationnel, Atos va ressérer son offre autour de six lignes de métiers, dont une nouvelle entité dédiée à la Data et à l'IA qui devrait passer de 2 000 à 10 000 collaborateurs d'ici 2028, faisant de l'intelligence artificielle l'un des moteurs de transformation du groupe. Les autres pôles de services incluent le Cloud & Modern Infrastructure, les cyber services, les applications digitales, les smartplatforms (SAP, ServiceNow), et la digital workplace.
Côté produits, la division Eviden concentrera quatre activités stratégiques : cybersécurité, supercalculateurs, systèmes critiques, et vision par ordinateur basée sur l'IA.
Dans un contexte géopolitique tendu, Atos indique avoir suspendu la vente de ses activités sensibles liées aux systèmes critiques (MCS) et à la cybersécurité. Ces branches travaillent notamment sur le système de commandement Scorpion de l'armée de Terre et la sécurité des avions Rafale F4.
En revanche, les négociations avec l'État français pour la vente de la division Advanced Computing, qui comprend les supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire, sont toujours en cours. L'offre, comprise entre 500 et 625 millions € est assortie d'une exclusivité jusqu'au 31 mai 2025.
Pour nourrir cette transformation, Atos annonce un investissement de 500 millions € en R&D sur quatre ans, ainsi que 100 millions € dans des startups spécialisées dans l'IA générative, la cybersécurité ou le quantique. Un nouveau Chief Technology Officer, bientôt nommé, pilotera ces efforts.
« Maintenant, il va falloir délivrer, trimestre après trimestre. Personne ne va nous attendre. 2025 et 2026 seront deux années cruciales sur ce plan.» admet Philippe Salle dans une interview aux Echos.
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